Du privé à la vie professionnelle, notre quotidien est fait de rencontres, de jeux de séduction, de rivalités, d’amours, de complicités, de rires, de disputes… Comme une musique, elle est rythmée par les humeurs de chacun… Par l’envie d’être seul ou l’envie d’être avec des amis, par le désir de faire des rencontres.
Avec la série « Les Relations », Marino & Chrisco tissent et détissent les liens d’une quarantaine de portraits dessinés avec des phrases manuscrites. Cette série est évolutive, certains portraits disparaissent tandis que d’autres arrivent ou réapparaissent au fil des expositions… Comme dans la vie.
Ci-dessous le texte de Florence Toussan qui accompagne l’exposition « Les relations » :
« Des filles, des garçons… d’autres filles… d’autres garçons… L’amour et le hasard se distribuent sur un grand échiquier. Toi, moi, eux, nous… faites vos jeux.
Chacun retient son souffle. Les regards circulent, s’enhardissent. Des regards s’affrontent. Conquérants, insolents, hésitants, qu’importe, ils se feront bouffer tout cru. Le désir valse selon son propre tempo. Les cœurs valdinguent dans des cages thoraciques trop étroites. La roue tourne. La foudre menace.
Sur l’échiquier, tout se bouscule ; le hasard et l’amour se redistribuent.
Elle, lui… les deux… un autre… les jeux sont faits.
Le temps suspend son œuvre, il s’étire ou s’accélère, ami ou ennemi.
Les jeux sont faits et s’emparent du monde.
Certains s’installent confortablement, se coulent dans le cours long des jours. Certains se sauvent à tire d’aile ; d’autres font, défont, refont…
Une fille, un garçon… un autre garçon… une autre fille… Le désir apparaît, disparaît… s’épanouit, s’évanouit… se disloque… le désir… une main se tend et le vide aventureux qui nous sépare rétrécit. Il rétrécit tandis que nous grandissons. Une main, un œil, une langue. Un sourire. Des odeurs. Les peaux s’espèrent. Mon cœur valdingue dans ma poitrine.
Entre nous, l’émoi.
Le tonnerre gronde et le temps tisse son fil. Rien ne va plus.
Le tourment, entre nous. Ton œil à l’envers. Mon corps en vrac. Des odeurs sombres et le trouble partout. L’oxygène se fait rare, chacun s’efforce de respirer. Un choc bref, un choc et tout devient contre. Contre moi, contre nous, contre le monde entier.
Un matin, les cœurs se grippent ; les peaux ne se comprennent plus. La tyrannie des tentations redéfinit le jeu et tu te sauves à tire d’aile.
Des rebonds, des tiraillements, l’appel du danger. Besoin soudain d’une autre intimité. Rien ne va plus.
L’échiquier chavire. Chacun retient son souffle. Lui, elle, eux… toi et moi… L’amour et le désir tanguent et chaloupent. La foudre va frapper.
Faites vos jeux… »
14 mai 2020